Bonjour à tous !
Dans ce nouvel article, on va parler de l’art Shipibo.
Peut-être avez-vous déjà vu leurs broderies colorées aux motifs sinueux ?
Ce peuple de l’Amazonie péruvienne perpétue une tradition de génération en génération, celle des kene. C’est un type d’art chamanique qui inspire de nombreux créateurs du monde entier, comme nous.
Au sommaire :
- qu’est-ce que l’art Shipibo ?
- quelle est la signification des motifs qu’ils dessinent, leurs visions chamaniques ?
- quels sont les types d’arts qu’ils proposent ?
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Généralités sur les Shipibo :
La arqueología y el mito de origen de los shipibo-conibo de la Amazonía peruana, Daniel Morales Chocano et Ana Mujica Baquerizo, ici
L’art Shipibo :
Article Atmosphère, ici
Un site avec de très nombreux articles sur les Shipibo : cocomagnanville
A interpretação dos desenhos kene Shipibo-Conibo, Roberto Suarez Rengifo, ici
Kene, the visual language of nature, ici
Vidéos Youtube sur l’art Shipibo :
Arte Shipîbo, ici
Shipibo, Learning through the light, video Youtube, ici
Le peuple Shipibo est une communauté ethnique de l’Amazonie péruvienne. Ils vivent sur les rives de la rivière Ucayali, une grande rivière originaire des Andes qui rejoint le fleuve Amazone dans le nord du Pérou.
Ce peuple d’environ 300 000 personnes vit dans 150 petites communes le long des rivières. Leur mode de vie est organisé en équilibre avec le cosmos du ciel, de la terre et de l'eau, éléments de leur environnement amazonien. Leurs activités principales sont la pêche, l’agriculture, l’artisanat et la chasse.
Des preuves archéologiques révèlent la présence de ce peuple depuis environ 650 après J.C. Leur culture leur interdit de toucher les anciennes céramiques : c’est une aubaine pour l’archéologue.
La culture Shipibo est basée sur des relations spirituelles, physiques, culturelles. Le fleuve est considéré comme un grand serpent qu'ils appellent "Ronin". Ce serpent est le centre de leur idéologie, c'est pourquoi on l'appelle le grand serpent cosmique. C’est sur son corps que se trouvent tous les « Kené » ou dessins que les Shipibo-Conibo peignent sur tous leurs objets et artefacts.
Les motifs Shipibo ont fait le tour du monde. Ils se reconnaissent au premier coup d'œil.
Les dessins ou "kené" représentent l'univers céleste sur terre. Ils établissent la communication entre les vivants et les morts en traçant les chemins. Ces dessins sont la matérialisation de l’énergie que l’on trouve dans les plantes dites Rao (l’Ayahuasca et le Piripiri).
Dans l’article du site www.voyageursdumonde.fr, on retrouve la définition des kénés par des femmes Shipibo :
“Je vois des kene dans mes pensées, dans mes rêves, ensuite je les peins. Mes visions me guident. Les nervures des feuilles, les ailes des papillons, la peau de l'anaconda tout ce qui nous soigne et nous protège est kene”
« II y a un chant pour chaque kene Les dessins embellissent les personnes et les choses, ils les couvrent de l'énergie des plantes qui soignent les maux du corps et de l'esprit »
Les Shipibo pensent qu’ils ont déjà les motifs dans leur mémoire, et qu’ils savent déjà comment ils vont terminer un motif avant même de le commencer. Cette “mémoire collective” du peuple est transmise de génération en génération.
Les Kéné sont ainsi un élément fondamental de la culture Shipibo. Les Shipibo, en effet, pensent que chaque plante, animal et personne possède son propre design unique. Lors de leurs visions sous ayahuasca, ces motifs apparaissent et peuvent révéler des déséquilibres.
Ces déséquilibres peuvent être réparés par des guérisseurs par l’utilisation d’une médecine vibratoire et de chants sacrés : les ikaros. Ces chants, ces ikaros, sont chantés par les chamanes, mais pas seulement. Ils envoient des vibrations d’animaux ou de plantes à la personne qui est déséquilibrée dans le but de la guérir.
Il faut aussi savoir que chaque motif représente une chanson, un ikaros.
Cara Chama, un poisson d’Amazonie
J’ai trouvé un article sympa qui parle des symboles Shipibo contenus dans les kene : ici.
Dans les kéné Shipibo, on retrouve les symboles suivants :
- le serpent cosmique Ronin, qui symbolise Dieu, est le symbole le plus utilisé. Il est un emblème de la renaissance, mais il représente aussi le fleuve sinueux, ce fleuve qui rase régulièrement les habitations des Shipibo, qui vivent au rythme des crues
- la croix du Sud est une grande croix carrée. Pour les Shipibos c'est la porte où se trouvent les morts qui entrent dans l’autre monde
- le poisson Ipi ou Cara Chama, une espèce de poisson-chat originaire du Brésil et du Pérou où on le trouve dans le bassin de la Haute Amazonie
- les symboles de plantes sacrées, l'ayahuasca, Chakruna, le Noya Rao et le Mapacho sont des motifs très courants dans l'art Shipibo
L’art du kene est un art vivant et changeant. Les dessins et motifs évoluent selon la mode. Il y a encore quelques années, les motifs étaient souvent rectilignes (canóa). Les courbes ont ensuite fait leur apparition. Aujourd’hui, on retrouve de nombreux kene organisés autour d’une croix centrale, la croix du sud.
Voyons les types d’art qu’ils proposent.
A- Les broderies Shipibo
Broderies, source
https://www.youtube.com/watch?v=8MYaUl1QO7U&t=36s
Dans cette vidéo, on apprend les étapes pour créer une broderie Shipibo
- Faire le contour (2 ou 3) : les contours ont la fonction d’une ossature sur laquelle repose toute l’architecture du dessin.
- Créer les formes intérieures symétriques : la symétrie est synonyme d’équilibre, les motifs occupent l’espace dans les quatre directions cardinales (nord / sud / est / ouest) de manière totalement équitable.
- Faire les contours des grands dessins intérieurs
- Les remplissages : le remplissage des vides laissés par le dessin augmente l’aspect vibratoire des motifs
- Les petites figures
En fonction de la complexité, il faut plusieurs jours à plusieurs semaines (voire des mois) pour créer une broderie.
B- Les tissus Shipibo
Les Shipibo portent des vêtements caractéristiques avec des kene. Autrefois, ils utilisaient du fil de coton qu’ils coloraient avec des colorants naturels avant de les passer dans des métiers à tisser. Aujourd’hui, ils peuvent se fournir en divers fils de diverses teintes qui leur offrent plus de variété.
Après avoir tissés de grands morceaux de tissus, ils les découpent pour créer des tari (pour les hommes) ou des chitones (des jupes) qu’ils décorent avec des techniques de broderie.
B- Les poteries Shipibo
Poteries, source
Les poteries sont un autre type d’art proposé par ce peuple amazonien. Créer des poteries exige beaucoup de connaissances et de soins. Pour les concevoir, ils utilisent de l’argile rouge, blanche ou noire qu’ils mélangent avec des cendres. Avant la cuisson, les poteries sont peintes avec des motifs caractéristiques.
On retrouve énormément de poteries qui représentent les 4 mondes qui les entourent, ou encore des poteries anthropomorphiques (qui ont la forme d’un humain).
Il faut savoir que les poteries, à l’origine, ne sont pas faites pour durer. Après les cérémonies, les Shipibo les brisent et réutilisent parfois les morceaux pour créer de nouvelles poteries.
C- Les bracelets
Bracelets, source
On trouve aujourd’hui de nombreux bijoux avec des pattern Shipibo. Ce sont des pièces qui sont moins coûteuses et qui peuvent donc se vendre plus facilement aux touristes. En effet, ce peuple s’est rendu compte du coût important des broderies et des poteries.
D- L’art corporel
Maquillage, source
Traditionnellement, le peuple Shipibo utilise du jus de fruit du Huito pour se maquiller le visage ou le corps pour les cérémonies. La mythologie raconte qu’un jour, un jeune homme Shipibo aperçu une jolie jeune femme sur la rive, inerte. Son corps était enduit de Huito pour se protéger des piqûres de moustiques. Le jeune homme traverse la rivière pour récupérer la jeune fille, hélas déjà morte. Il la ramène au village, et tous et toutes furent impressionnés par les motifs qui ornaient son corps. Depuis, chaque ethnie apprit un motif qui lui est devenu propre.
L’ayahuasca est un mélange de plantes. Cette décoction hallucinogène est composée d’un mélange d’écorces et de tiges d’une liane qui contient de la DMT, et d’autres plantes qui leurs permettent de l’absorber (des inhibiteurs de MAO).
Cette plante sert à guérir :
- les maux du corps
- les nausées
- traumatismes
Cette plante de pouvoir aide à guérir ceux qui en ont besoin. Elle permet d’apprendre à se connecter aux esprits, au cosmos, à la terre, à l’eau et à la nature.
La consommation d’ayahuasca se fait dans un cadre rituel. Après ingestion de cette plante hallucinogène et purgative, la personne vit des hallucinations qui sont considérées comme de la clairvoyance. Sa perception auditive et visuelle est modifiée, tandis que son corps cherche à évacuer la boisson par des vomissements et de la diarrhée. Les chants, ou ikaros, du chamane permettent de guider la personne dans son “voyage” de visions.
L’ayahuasca est considérée comme la plante qui a inspiré les Shipibo dans leur art.
Conclusion : les points à retenir à propos de l’art Shipibo
- Des créations d’inspiration chamanique, colorées et sinueuses.
- Les poteries et les broderies Shipibo sont réputées dans le monde entier.
- Aujourd’hui, le peuple Shipibo s’adapte à la modernité : ils se fournissent en fils colorés pour créer leurs motifs, qui changent en fonction de la mode.
Pour aller plus loin
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Retrouvez aussi notre article sur l’Art Visionnaire :