L’hermine blanche, an ermin en breton, est un puissant symbole breton profondément ancré dans l’histoire de la Bretagne et d’origine…Arménienne ! L’hermine de Bretagne, c’est cette belette fauve si élégante qui se couvre d’ un blanc manteau en hiver, agrémenté s’il vous plaît, d’une pointe de noir sur la queue.
Dans cet article, vous allez en apprendre plus sur ses origines et sa signification. On commence par une petite histoire si vous voulez bien ;).
Kentoc’h mervel eget em zaotra
La voilà, la blanche hermine !
Le petit animal traqué, stoppa net au bord d’une rivière boueuse. Traverser ? L’hermine de Bretagne est excellente nageuse, mais… sa fourrure est si blanche.
Alors fière, elle se tourna vers son ennemi et fit face à son destin : kentoc’h mervel eget em zaotra !
Plutôt la mort que la souillure !
Un cavalier, fasciné, observait la scène. Il venait de créer la devise de la Bretagne. Qui était-il ?
> Peut-être Alain II (900-952).
> Ou Conan Mériadec (IVe-IVe siècle).
> Peut-être Jean III (1286-1341).
> Ou Anne de Bretagne (1477-1514) mais c’est improbable puisqu’elle succède à Jean III : vous allez comprendre l’anachronisme dans quelques lignes.
L’hermine de Bretagne : origines
D’abord la brisure
En 1202, en épousant Alix, duchesse de Bretagne, Pierre de Dreux (1187-1250) devient Pierre 1er de Bretagne. En tant que cadet de la lignée des Dreux, il ne peut garder le blason familial tel quel (un échiqueté avec une bordure), il doit briser les armes, c’est-à-dire y ajouter un signe distinctif.
Il choisit une brisure d’hermine qui occupera le quart de l’écu.
Puis l’hermine
En 1316, Jean III le Bon, duc de Bretagne, retire l’échiqueté et la bordure. Le blason devient de ce fait d’hermine plain, c’est-à-dire que le symbole remplit toute la surface de l’armoirie.
L’armoirie bretonne était née (mais pas Anne de Bretagne, d’où l’anachronisme évoqué plus haut). C’est cette armoirie qu’on trouve encore aujourd’hui sur le blason de Nantes, Saint-Nazaire ou Rennes par exemple.
Enfin l’ordre de l’hermine
Jean IV (1339-1399) successeur de Jean III, crée en 1381 l’Ordre de l’Hermine dont l’insigne est une hermine passante arborant une écharpe à mouchetures. Sa devise : A ma vie, comme j’ay dit. Cet ordre fut aboli au XVe siècle lors de l’annexion du duché de Bretagne par la France.
L’hermine blanche : signification
De la fourrure blanc et noir
C’est surtout (pour son malheur) sa fourrure qui était considérée, et non l’animal. Ainsi à l’époque des croisades, les boucliers des chevaliers étaient recouverts de fourrure d’hermine blanche.
Puis on n’a gardé que la queue noire clouée sur fond blanc. Ce motif, ensuite stylisé en forme de croix, a fait son apparition sur les écus bretons, les bannières et les blasons. En langage héraldique, cela donne une moucheture d’hermine de sable noire sur champ d’argent blanc, symbole de mort et de renaissance.
Du sang bleu
La fourrure d’hermine, réservée aux tenues d’apparat de la noblesse, de la justice et du haut clergé symbolise par sa blancheur et son raffinement, la pureté du sang royal.
C’est tout de même en rappel de sa (brève) carrière ecclésiastique que Pierre de Dreux avait choisi la moucheture d’hermine, symbole de pureté morale.
Mais l’Arménie ?
Il s’agit d’étymologie ! En ancien français, hermine se dit ermin et vient du latin armenius qui signifie arménien, car on parlait de fourrure et elle était souvent importée d’Arménie. L’animal était appelé mus armenia : le rat d’Arménie.
En dépit de la racine du mot, oui, l’hermine est bien un symbole breton !
Et même contrairement à la plupart des symboles celtes, c’est un emblème localisé essentiellement en Bretagne. On ne parle pas d’hermine irlandaise, n’est-ce-pas ? C’est aujourd’hui un symbole vivace de la culture et de la langue bretonne et il se retrouve bien sûr, sur le drapeau breton.
Sources :
L’animal
D’autres sources : le symbole, les armoiries