Représentation artistique de forme graphique, les noeuds celtiques sont aujourd’hui encore présents sur d’anciens monuments. On les appelle aussi entrelacs.
Voici ce que vous allez découvrir dans cet article :
- L’origine multi-culturelle d’une célèbre forme d’art Celte
- La signification du noeud celtique
- Les différents types de noeuds celtiques
César à la conquête de la Bretagne
Les noeuds celtes étaient-ils des symboles de guerre ?
An 54 avant J.-C. Grande-Bretagne.
Le bâton enduit de guède serpente en boucle bleue sur son bras. Faisant ainsi, Cassivellaunos, fils d’Heli, chef des Trinovantes, unit dans le cycle de l’éternité les membres de son clan. Bientôt leurs épées frapperont en rythme leurs boucliers et ils rugiront leur colère.
Il ferme la boucle et enchevêtre un autre nœud sur son torse. L’ennemi tremblera devant leur puissance et grâce aux Dieux et à leur courage, ils vaincront l’envahisseur. Cassivellaunos se redresse. Il savoure l’air qui remplit ses poumons et part d’un grand pas mener son peuple à la victoire.
L’origine de ce symbole Breton
Des représentations de boucles non fermées seraient apparues à l’ère Néolithique, chez les Celtes bien sûr, mais aussi dans d’anciennes cultures germaniques et latines.
Ces motifs de nœuds celtiques ont probablement voyagé entre plusieurs peuples. On en trouve trace un peu partout dans le monde, comme dans les arts russes, éthiopiens et islamiques. Ils sont probablement devenus nœuds celtiques grâce à la capacité des celtes à intégrer d’autres cultures.
Du tressage aux nœuds
Le célèbre archéologue John Romilly Allen (1847-1907) a étudié les noeuds dans son ouvrage de référence Celtic Art in Pagan and Christian Times, que vous pouvez retrouver ici. Il parle des nœuds celtes à partir de la page 260.
Si j’ai bien compris, il explique que le travail des noeuds était régulier en Italie. Au début, ce type de travail artistique était utilisé pour faire du tressage, comme sur cette image :
Selon lui, les Celtes ont modifié ces motifs très réguliers. D’un tressage, on passe à un travail de noeuds. Voici ce qu’il dit :
« When the breaks are made simmetrically at regular intervals, and brought sufficiently at regular intervals, the plait ceases to be the most prominent feature in the design, and in its place we get a pattern composed entirely of what are called knot. »
( Lorsque les pauses sont effectuées simultanément à intervalles réguliers et suffisamment à intervalles réguliers, la tresse cesse d’être la caractéristique la plus saillante de la conception et donne lieu à un motif composé entièrement de ce qu’on appelle un nœud. »
En image, ça donne ça :
Leur esprit créatif a magnifié le motif et c’est ainsi que les noueurs celtiques ont développé leur art, du VIIe au XIe siècle.
Une origine multi-culturelle
Les avis des historiens sont multiples, mais on peut décrypter ainsi leur passage dans le temps :
- 3e siècle après J.-C. : on trouve quelques motifs sur des mosaïques romaines ;
- vers 450 après-J.-C : des manuscrits bibliques, des croix celtiques et des bijoux celtiques s’ornent de nœuds ;
- l’empire byzantin en imprègne ses œuvres architecturales et manuscrites ;
- au 6e siècle, on les croise en Italie ;
- ils s’installent au sud de la Gaule au 7e siècle ;
- du 7e et jusqu’au 11e siècle, ils gagnent en notoriété. Les enluminures de manuscrits célèbres, comme le Livre de Kells et les Évangiles de Lindisfarne, l’attestent.
Les entrelacs dans Le Livre de Kells
La culture celte est druidique, les transmissions étaient orales. Il existe donc peu d’ouvrages dans lesquels on retrouve des noeuds celtiques. On vous présente le plus célèbre.
Le Livre de Kells, que vous pouvez retrouver numérisé sur le site du Trinity College de Dublin, est un manuscrit considéré comme un chef d’œuvre du Moyen-Age. Il a été écrit vers la fin du 8ème siècle par des moines irlandais et contient les 4 Évangiles du Nouveau Testament.
Dans ce manuscrit, la majorité des pages sont des textes rédigés en latin. Mais sur les autres, on trouve de nombreuses enluminures avec des entrelacs.
Par exemple, à la page 27 v :
Ou à la 28v :
La présence du noeud celtique dans un livre rédigé par des moines irlandais renforce l’idée du mélange des cultures et religion. On l’a vu en ce qui concerne la croix celtique. Ce qui est intéressant, c’est que malgré la main-mise et la dominance de cette religion, les Celtes imposent leur iconographie.
Reste à savoir si les entrelacs, ici, ont une signification particulière ou s’ils sont seulement décoratifs. L’histoire nous l’apprendra peut-être, mais pour l’instant, on l’ignore.
La signification du noeud celtique
La culture traditionnelle celtique étant dépourvue d’archives écrites, on est donc bien en peine de trouver un sens aux œuvres qu’ils nous ont laissées.
Le nœud celtique se présente comme un nœud sans fin créé à partir d’un trait qui sinue en boucle fermée. Cela pourrait illustrer :
- Le cycle infini de la vie et de la mort, concept récurrent chez les Celtes.
- Ce fil continu évoque aussi la nature des liens entre les membres du peuple celte, d’un clan : liens de sang, d’amitié et d’amour.
Les différents types de noeuds celtiques
Ce symbole celtique revêt diverses formes.
Les 8 types de nœuds celtiques
Dans l’ouvrage Celtic Art in Pagan and Christian Times dont on a parlé plus haut, l’auteur présente les 8 types de nœuds classiques.
De ces 8 motifs sont créés ensuite les noeuds circulaires.
Aujourd’hui, les Bretons et Celtes ont sélectionné quelques entrelacs et leur ont donné des significations. Allons voir plus en détail.
La triquetra
C’est l’un des noeuds les plus connus. Il s’appelle également noeud de la Trinité.
Composé de 3 éléments, il rappelle le Triskel et ses significations pourraient être les mêmes que celles du célèbre symbole inter-celtique :
- Passé, présent et futur
- La trinité religieuse : Père, Fils et Saint-Esprit
- Les 3 éléments : Eau, Terre et Feu
- Les trois états de l’Homme
- L’âme, l’esprit et le corps
Le noeud celtique quaternaire
Une 2ème représentation est le noeud dit « quaternaire ». Cela signifie 4.
Composé de 4 éléments, ceux-ci pourraient signifier :
- Les 4 éléments : eau, terre, feu et air
- Les 4 directions : est, sud, ouest, nord
Le nœud celtique de l’amour
Ce noeud a certainement été créé il y a peu, mais respecte les codes de l’art celte. Le coeur symbolise l’amour. Ce noeud sans fin symbolise l’union entre deux personnes. Il est souvent utilisé sur les bagues.
Le noeud Dara
Ce noeud est très présent sur les bijoux (colliers, bagues). Selon le site Ancient-Symbols, le mot « doire » signifie chêne en Irlandais. C’est une création récente qui rappelle l’attachement profond des Celtes à cet arbre majestueux et sacré chez les Druides. Ainsi, porter le dara symboliserait la puissance et la force intérieure.
Conclusion
On peut simplement voir le noeud celtique comme le travail d’un artiste qui laissait exprimer sa créativité et sa dextérité. Le plaisir d’embellir la vie, en quelque sorte, ornementer les lieus de cultes, les tenues et les objets du quotidien.
On ne peut nier en tout cas que ces formes esthétiques, aux courbes équilibrées et puissantes, diffusent un charme apaisant. C’est un premier indice de leur force symbolique.
Sources :